Pour réfléchir à l’internet dans 10 ans, dans une perspective de « développement durable », commençons par comprendre ce qu’il signifie aujourd’hui dans nos vies et réfléchissons, d’une manière pas trop conventionnelle, à ce qu’il pourrait représenter demain.
L’internet a changé beaucoup de choses… Mais cela ne fait pas une révolution
Aujourd’hui l’internet touche un milliard de personnes (sur 6,5, tout de même) et a profondément changé plein de choses – mais son impact, au fond, n’est pas de nature « révolutionnaire » :
- L’internet a changé le quotidien au bureau, quand on travaille dans un bureau (fixe ou mobile).
- L’internet a bouleversé pour toujours certains secteurs économiques (voyages, musique, photo-vidéo, information-média) et, ailleurs, profondément changé la manière dont on se fournit, conçoit des produits, organise la production, coopère entre entreprises, s’informe sur les marchés, communique avec ses clients, etc. Il a changé le fonctionnement du système économique, mais pas le système économique lui-même ; idem pour nos systèmes de gouvernement.
- En revanche, dans la plupart des cas, l’internet n’a pas profondément changé nos modes de vie. Il est présent au quotidien, oui, mais a-t-il tant changé, par exemple, l’organisation de notre temps, les rapports au sein de la famille proche, nos relations de voisinage, etc. ? En tout cas plutôt moins que le mobile – de ce point de vue, on peut d’ailleurs sans grand risque affirmer que dans 10 ans, internet, communications mobiles, c’est la même chose.
En particulier, je voudrais signaler deux constats, importants parce que la situation me paraît appelée à changer dans les 10 ans à venir :
Premier constat : l’internet a dans une large mesure accompagné des tendances à l’œuvre ou en gestation dans l’économie (le flux tendu généralisé, la flexibilité et la personnalisation de masse, la mondialisation des flux et de beaucoup de marchés) et la société (l’individualisation des modes de vie, l’urbanisation en « archipels », la mobilité, la tension entre local et global…). Il n’est pas à l’origine de ces transformations.
Second constant : l’internet a lui-même assez peu changé – c’est une provocation de la part de quelqu’un qui travaille à en observer et en anticiper les changements, mais parlons de l’essentiel :
- Une expérience d’usage fondée sur l’arrêt devant un écran et l’interaction via un clavier et un pointeur,
- Une différence claire et radicale entre le « virtuel » (représentation, simulation, artifice, infiniment léger et malléable) et le « réel » (qui, lui, ne ment pas…),
- Une expérience « discrète » au sens mathématique : on est en ligne ou on ne l’est pas ; en général on ne l’est pas ; quand on l’est on le choisit et on y pense.
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